Sarcophage de la Gayolle (IIIème siècle)
Musée de Brignoles (Var).
A qui ce sarcophage fut-il destiné au IIIe siècle? Un saint ou une sainte, ou quelqu’un d’un rang social élevé? On ne le saura peut-être jamais. Ce que l’on sait, c’est qu’il fut réutilisé au VIe siècle pour Syagria, puisque l’inscription rajoutée sur le bandeau supérieur précise: « Ici repose dans la paix Syagria, de bonne mémoire, qui mourut le 12 des calendes de février…, la onzième de l’indiction. » (Donc dans la première moitié du VIe siècle).
Les chrétiens, qui croient en la résurrection des corps, ne voulaient pas se faire incinérer. Ils se faisaient inhumer, ce qui deviendra la règle dans l’Empire Romain au IIIe siècle. Mais les traditions hébraïques faisaient qu’on ne devait pas représenter Dieu. De plus, les Chrétiens, avant l’édit de tolérance de Galien en 260 et surtout avant Constantin, vivaient leur foi dans la discrétion. Les fabricants de sarcophages, eux, trouvaient leur source d’inspiration dans la mythologie grecque ou romaine, et on ne pouvait pas encore parler d’art chrétien. N’étaient donc utilisés, au départ, pour les sarcophages des fidèles, que des symboles que l’on trouvait aussi sur des tombes païennes, mais qui pouvaient être réutilisés avec une connotation chrétienne. Le sarcophage de la Gayolle en est un bon exemple. (Il faudra attendre le IVe siècle et Constantin pour trouver des représentations bibliques.)
Description du sarcophage:
En toile de fond, la nature avec des arbres et des oiseaux.
- A gauche :
Mais le symbole du poisson est bien plus fort, car le mot ICHTUS qui signifie « poisson » en grec est un symbole fréquent du Christ: (I) Jésus, (CH) Christ, (TU) Fils du Dieu, (S) Sauveur.- L’ancre marque notre attachement au Christ quoi qu’il arrive. Saint Paul, dans son épître aux hébreux (6, 18-19) nous invite« … à saisir fortement l’espérance qui nous est offerte. En elle nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide… ».
De plus, la verge et le jas de l’ancre forment une croix, le symbole chrétien par excellence, et la croix de Camargue n’est autre qu’une ancre à laquelle a été rajouté un cœur.– L’orante est le symbole de la prière, mais aussi de l’âme qui monte vers Dieu.
- Au centre :
– Le panneau central a été mutilé, sans doute par des violeurs de tombeaux. On peut malgré tout y voir un personnage adulte, assis, qui enseigne un enfant, image profane du philosophe et image chrétienne du Christ annonçant la Bonne Nouvelle.
- A droite :
– En correspondance avec l’orante, le Bon Pasteur auquel le Christ se compare lorsqu’il dit: « Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » (Jean 10, 11). Il porte sur les épaules la brebis perdue et retrouvée, alors que d’autres brebis du troupeau sont disséminées à travers le panneau.
– A l’extrémité, le dieu païen qui trône majestueusement et tient un bâton, symbolise la puissance et l’autorité. Il représente souvent le génie du lieu où se passe la scène mais c’est aussi comme ça qu’était représenté Pluton, dieu des enfers, dans l’antiquité.