Et Sainte Anne ?
Anne et Joachim étaient des justes, de la tribu de Juda. Ils étaient mariés depuis vingt ans et n’avaient pas encore eu d’enfant. Un jour qu’il était au temple, Joachim se l’entendit vertement reprocher par un prêtre car, aux yeux des juifs, c’était le signe manifeste que Dieu n’avait pas béni leur union. Il quitta le temple, humilié, et s’en alla au loin près de ses troupeaux.
Anne resta seule.
Cinq mois passèrent, et alors qu’Anne était en prière, un ange lui apparut et lui dit: « Ne crains point, il est dans les desseins de Dieu de te donner un enfant, et celui qui naîtra de toi fera l’admiration des siècles jusqu’à la fin des temps. »
Au même moment Joachim recevait aussi la visite d’un ange qui lui annonçait la bonne nouvelle et le priait de retourner chez lui, ce qu’il fit. On raconte qu’il retrouva Anne à la Porte Dorée. Neuf mois après naissait une petite Marie, celle qui fut conçue sans la tache originelle. Anne et Joachim la présentèrent au temple avec allégresse et fierté!
Anne et Joachim furent enterrés dans la vallée de Josaphat là où fut élevée plus tard l’église du Saint-Sépulcre de Notre-Dame. C’est maintenant qu’intervient la Tradition de Provence qui nous dit que, lorsque Marie-Madeleine quitta la Palestine avec sa famille et ses amis, elle emmena le corps de sainte Anne qui sera offert plus tard à la ville d’Apt (Apta Julia) dont l’évêque était alors saint Auspice. Pour protéger le corps de la sainte des persécutions dont il sera lui-même victime, Auspice le cacha en secret au plus profond de la crypte, dans un espace qui fut ensuite muré. Il aurait laissé un cierge allumé devant les reliques.
Les siècles passèrent. Auspice était mort avec son secret. Un jour Charlemagne se rendit à Apt pour rendre grâce à Dieu des victoires remportées sur les sarrasins. Lors de la messe solennelle, un jeune seigneur de 14 ans, Jean, sourd, muet et aveugle de naissance, manifesta de manière si impérative la nécessité de creuser que l’on creusa, que l’on découvrit la crypte, que l’on ouvrit le mur et que, merveille, on retrouva le corps de sainte Anne, toujours éclairé par le cierge. Une odeur suave se répandit. Et alors, miracle, le jeune garçon s’exclama: « ici est le corps de sainte Anne, mère de la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu », ce que confirma une inscription.
La dévotion à sainte Anne se répandit alors et de nombreuses églises réclamèrent des reliques, commandèrent des statues. L’une d’elles fut retrouvée dans un champ à Sainte-Anne d’Auray par Yves Nicolazic au XVIIe siècle. Sainte Anne lui était apparue plusieurs fois et lui avait indiqué où creuser. C’est là l’origine du très célèbre pèlerinage breton qui rassemble des milliers de fidèles tous les ans.