Raban Maur
Au IXe siècle Raban Maur, né à Mayence en 766, homme de grande culture, fut formé à l’école de Tours par Alcuin*, qui lui-même avait été disciple de saint Bède le Vénérable. Raban dirigea ensuite en Allemagne l’école du monastère de Fuld**, et la rendit très célèbre. On venait consulter Raban Maur de partout. C’était un bourreau de travail qui aurait préféré vivre dans la solitude, mais il fut nommé archevêque de Mayence et le resta jusqu’à sa mort en 856.
Beaucoup parmi ses œuvres nous sont parvenues et l’abbé Faillon réussit en 1842 à se procurer sa « Vie de Marie-Madeleine » qui dormait dans la bibliothèque du collège Sainte Madeleine à Oxford. C’est un ouvrage qui n’avait pas du tout été écrit pour faire plaisir aux provençaux, preuve supplémentaire que le culte de Marie-Madeleine était vivant dans toute la chrétienté et que la tradition de Provence était connue partout.
Pour écrire son ouvrage, Raban avait à sa disposition la belle bibliothèque du monastère et parmi les documents une « Vie » du Vème siècle (début VIème?) qu’il retranscrit, et d’autres, du VIIème qui, à cette « Vie » avaient apporté beaucoup d’éléments apocryphes qu’il a éliminés dans son œuvre. Il en a fait de même pour une « Vie de sainte Marthe ». Le but de ces « Vies » était de vivifier la dévotion. On a commencé aux Ve et VIe siècles a mettre par écrit les traditions orales et ces textes étaient lus avant les offices religieux pour le plus grand bonheur des fidèles.
On est certains que ces « Vies » existaient. Une lettre du VIIème siècle de saint Didier qui fut gouverneur de Marseille et évêque de Cahors le confirme. Il en procure un exemplaire à l’abbesse Aspasie, déchue, à qui il écrit: « Emu de tes larmes, je t’ai déjà procuré l’histoire de cette femme remarquable entre toutes dans l’Evangile. Dans cette histoire, tu trouveras les dignes fruits de pénitence qu’elle produisit et la joie qui remplit le ciel, lorsque celle qui avait été précédemment pécheresse mérita par ses larmes, devant les anges de Dieu, l’assurance du salut ». Traduit et cité par Sicart « Sainte Marie-Madeleine » tome I.
L’œuvre de Raban Maur est précieuse en ce qu’elle conforte notre tradition.
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*Alcuin
(York 735 – Tours 804)
Savant religieux anglo-saxon, un des maîtres de l’école palatine fondée par Charlemagne. Il joua un rôle capital dans la renaissance carolingienne.
(le Petit Larousse)
** Fuld
Monastère fondé par saint Boniface au VIIIème siècle, parmi beaucoup d’autres: « le plus célèbre de tous, Fulda, ce Mont-Cassin de l’Allemagne, dont il obtint l’Exemption, c’est à dire le rattachement direct au Saint-Siège pour le préserver des emprises du pouvoir laïc. Tout le long du Moyen-Age Fulda jouera un rôle de bastion spirituel ».
Daniel-Rops
L’Eglise des Temps Barbares
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