La Tradition
La Tradition selon Antoine de Ruffi dans son « Histoire de la Ville de Marseille contenant ce qui s’est passé de plus mémorable depuis sa fondation » (1696) :
Paul Delaroche (1797-1856)
« Marie-Madeleine se rendant à Marseille »
Esquisse pour le projet de l’église de la Madeleine à Paris-
Huile sur bois.
Beauvais-Musée départemental de l’Oise (Avec l’aimable autorisation du Conservateur du
musée.)
(En 1834 Paul Delaroche s’était vu confier la décoration
des six lunettes de la nef de l’église de la Madeleine.
L’année suivante la commande lui sera retirée
et chaque lunette sera décorée par un artiste différent, mais
ses dessins préparatoires sont conservés au Musée du Louvre.)
Crédit photographique :
Copyright Beauvais-Musée de l’Oise-Jean-Louis Bouché
« L’Église de Marseille est l’une des premières des Gaules. Elle tire son origine de Saint Lazare, que les juifs chassèrent de Jérusalem avec Saintes Marthe, Marie-Madeleine ses sœurs, Marcelle leur servante, Saint Maximin, Saint Célidoine (ou Sidoine) que l’on croit être l’aveugle-né, Joseph d’Arimathie et d’autres disciples de Jésus-Christ; parce qu’ils prêchaient hautement le résurrection du Sauveur du Monde, et qu’ils l’avaient aimé chèrement durant sa vie, et pour les faire périr, ils les exposèrent dans un vaisseau sans voiles, sans avirons et sans gouvernail; mais comme il n’y a point de conseil humain qui se puisse opposer aux arrêts de la Providence, cette sainte troupe, (selon plusieurs bons auteurs , et une histoire d’Angleterre manuscrite, qui au rapport de Baronius* est dans le Vatican) , aborda heureusement au port de Marseille**, où s’étant débarquée elle se sépara pour aller prêcher l’Évangile dans tout le reste de la Provence: Saint Maximin et Saint Célidoine allèrent planter la foi dans la ville d’Aix, d’où ils ont été les premiers évêques, Sainte Marthe et Sainte Marcelle à Tarascon, Sainte Magdelaine et Saint Lazare demeurèrent à Marseille, y prêchèrent l’Évangile, convertirent ce peuple idolâtre, et changèrent au culte du vrai Dieu le Temple de Diane en une église qui a toujours été le siège des évêques et qu’on appelle communément l’Église Major, ou l’Eglise Cathédrale. Il est vrai que Sainte Magdelaine après avoir demeuré quelque temps dans Marseille, se retira dans une grotte voisine, sur laquelle l’abbaye de Saint-Victor a été bâtie. Mais comme elle était trop exposée aux importunités du peuple, elle alla faire pénitence à la Sainte-Baume. Quant à Saint Lazare, il passa le reste de ses jours dans Marseille, et la gouverna en qualité d’évêque jusqu’en l’an 80 de Notre Seigneur, qu’il y reçut la couronne du martyre. »
Notes
* Baronius (1538-1607) : Historien italien qui fut supérieur de l’Oratoire, cardinal en 1596, bibliothécaire de la Vaticane et auteur des Annales Ecclésiastiques (jusqu’en 1598.)
** Non pas le port de Marseille, comme on pourrait le croire, mais le Gradus Massilianorum dans la proche Camargue, dont parle l’Itinéraire maritime d’Antonin, qui avait été fondé par les Marseillais,
leur était soumis et où ils avaient édifié un temple à Diane d’Ephèse.
Il est vrai que Sainte Magdelaine après avoir demeuré quelque temps dans Marseille, se retira dans une grotte voisine, sur laquelle l’abbaye de Saint-Victor a été bâtie. Mais comme elle était trop exposée aux importunités du peuple, elle alla faire pénitence à la Sainte Baume.
Quant à Saint Lazare, il passa le reste de ses jours dans Marseille, et la gouverna en qualité d’évêque jusqu’en l’an 80 de Notre Seigneur, qu’il y reçut la couronne du martyre. »