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notre dernière AG DU 29 Janvier 2011 à la Cathédrale Saint Sauveur à AIX en Provence,
RESUME de la VISITE de la CATHEDRALE d’AIX-en-PROVENCE
Notre visite commence par la Cave aux huiles du presbytère.
La Cave aux huiles du presbytère actuel est une construction de l’époque médiévale. Les Chanoines de la Cathédrale s’en servaient de réserves et de cellier.
Le mur en gros appareil, situé sur la façade ouest de la Cathédrale, permet de comprendre ces parties souterraines, nommées caves aux huiles qui sont à l’aplomb du mur extérieur. Ces parties utilitaires faisaient partie de l’ensemble canonial du bourg Saint Sauveur ; celui-ci réutilisait emplacement et les pierres de l’époque romaine ; le groupe épiscopal de Saint-Sauveur était déjà implanté à cet endroit au V° siècle. Sur la place Saint-Sauveur, autrefois place de l’Université, juxtaposée à ce mur austère, se trouve l’entrée de la nef de Saint Maximin, construite au XII° siècle. C’était la nef canoniale ; son portail d’entrée, de style roman, aux arcatures plein cintre, reprend dans ses chapiteaux et son décor des motifs de l’Antiquité. L’oculus qui surmonte le tympan et la porte est une source d’éclairage pour cette nef. La sobriété de l’ensemble contraste avec l’autre façade gothique flamboyante, en avancée par rapport à l’entrée romane, immédiatement accolée. Elle est d’une grande richesse : il s’agit de la nef Sainte Marie, la nef principale de la Cathédrale ; sur cette façade, on distingue les douze apôtres avec leur attribut (refaits au XIX° siècle car endommagés à la Révolution), les deux premiers évêques d’Aix :Saint Maximin et Saint Sidoine, les quatre protecteurs du bourg ancien : Saint Mître, Sainte Marie-Madeleine, Saint Louis Roi de France, son neveu Saint Louis d’Anjou puis encore plus haut sur cette façade le grand archange Saint Michel terrassant le dragon, symbole du mal ; au trumeau du portail une belle Vierge d’un sculpteur anonyme alors que cette façade est conçue par l’artiste Léon Lauvergnat et exécutée par le sculpteur Pierre Souquet au XV° siècle.
Tout à fait à l’extrémité de la façade, du côté est, la grande tour octogonale du clocher, de 58 m de hauteur, repère dans la ville. Elle est ajourée et a été achevée au XV° siècle puis complétée pour son couronnement au XIX° siècle. Cette façade reflète la plupart des édifices multiples de l’intérieur.
En pénétrant par la nef de Saint Maximin, sombre, étroite et aux cinq travées romanes, un édifice paléochrétien se trouve en contrebas, invisible de l’extérieur. Il est englobé dans les différentes constructions du groupe épiscopal : c’est une vraie surprise de découvrir sa structure typiquement V° siècle malgré les transformations des XII° siècle puis plus tard de l’époque Renaissance avec cette coupole et son lanternon, œuvre de Pierre Laurens. C’est le baptistère avec sa cuve baptismale et sa circulation tout autour, les huit niches, mais surtout les magnifiques colonnes de marbre, remplois de l’époque romaine ; certaines faisaient partie du forum romain du I° siècle dont le stylobate de la basilique civile se distingue encore. Cette superposition de constructions montre la continuité dans l’urbanisation aixoise.
Ce que l’on retiendra dans la nef romane de Saint Maximin, mise à part la coupole sur trompes de la 4° travée, est bien l’emplacement de l’Oratoire de Saint Maximin ; il parait très exigu ; son emprise au sol laisse deviner des proportions très restreintes. Ce petit édifice a été reconstruit au XII° siècle au même emplacement, à peine plus allongé que le premier. Il est le témoin d’un culte très ancien. Celui de Saint Maximin, un des disciples du Christ qui est venu évangéliser la région aixoise. Il a rencontré Sainte Marie-Madeleine en Provence, peut être également ici; un texte latin décorait l’intrados del’arcature de la petite nef : «Vere Locus Iste Sanctus est » ; ce petit oratoire était dédié à la Résurrection du Sauveur d’où le vocable de Saint-Sauveur qui a perduré dans le nom de la Cathédrale.
Le cloître roman ou claustrum est du XII° siècle. C’est un cloître réservé aux chanoines de la Cathédrale ; il est de dimensions modestes. Il présente des galeries charpentées d’où une grande légèreté pour l’ensemble ; plusieurs fois modifié à des époques différentes, il est remarquable par les sculptures de ses chapiteaux. L’Ancien Testament est illustré dans la galerie ouest alors que le Nouveau Testament est présenté dans la galerie nord. Aux quatre angles du cloître, les « quatre vivants » de la vision d’Ezéchiel personnifient les quatre évangélistes. Le cloître communique directement dans la nef romane de Saint Maximin à la hauteur de la 4° travée.
La sacristie est une belle construction du XVII° siècle, ajoutée à partir de la 5° travée de la nef de Saint Maximin ; dans ses armoires sont resserrés des reliquaires. Ceux de Saint Mître et de Saint Maximin qui sont très rarement montrés et exposés. Exception faite ce jour, on peut admirer ces précieux objets ainsi que les ossements présentés.
Face à la sacristie, la 5° travée s’ouvre sur la grande nef gothique du XIII° siècle. Très semblable aux nefs gothiques provençales connues, comme celle de saint Maximin dans le Var, celle d’Aix est très sobre. L’élancement des pilastres et des croisées d’ogives donne une grande majesté à l’ensemble. De part et d’autre de la grande nef, l’orgue du Frère Isnard dominicain, également facteur du grand orgue de la basilique de saint Maximin, et en vis-à-vis le buffet d’orgue fac simile, pour la symétrie. La largeur de la nef reprend les dimensions de la première église romane du XI° siècle, construite au préalable. Les vestiges de cette première église romane sont à rechercher dans les pans de murs du côté occidental de la nef. Le maître autel demeure la partie noble de cette nef ; le bas relief en marbre représentant la Résurrection de Saint Lazare, exécuté par le sculpteur Antoine Duparc (XVII° siècle), les deux anges porte torche, en bois doré du XIX° siècle, sculptés par l’artiste Ramel mais surtout le curieux tabernacle boule provenant de la chapelle des Carmélites d’Aix.
De nombreuses œuvres picturales et sculpturales sont à admirer dans cette nef gothique mais l’obscurité règne ce jour là ce qui ne favorise pas leur mise en valeur. La chapelle Saint Mître se trouve derrière le chœur. Son ouverture est dans l’axe principal de la nef, derrière l’abside. Sa visite n’est pas autorisée. Saint Mître martyr a une grande place dans le cœur des Aixois. Le Saint à la tête coupée est représenté sur un magnifique retable du XV° siècle, prêté pour l’exposition du Grand Palais, cet hiver : « 1500, l’âge d’or européen ».
Grâce à la travée de transept de la grande nef gothique, le passage avec la dernière nef baroque est possible. Cette nef baroque du XVII° siècle est une très belle construction. Scénographique et majestueuse, elle reflète l’histoire du Grand siècle pour Aix-en-Provence.
Les frères Vallon interprètent le grand art baroque, digne des décors parisiens. L’architecture des travées mène crescendo par une succession d’ordres antiques : dorique, ionique et corinthien, à la chapelle absidiale de Notre-Dame d’Espérance. Ces mêmes architectes aménagent des chapelles annexes pour différents nobles bienfaiteurs aixois. C’est dans l’une de ces chapelles que le retable du « Buisson Ardent », peint par Nicolas Froment au XV° siècle, va être présenté au public. Il est entièrement restauré et attend l’éclairage approprié pour être admiré : témoin du moment où le Roi René prend son ultime décision pour orner sa chapelle funéraire à l’église des Grands Carmes.
Les grandes portes de la nef principale peuvent s’ouvrir en fin de matinée, sauf les jours de pluie. Les douze sibylles y sont élégamment représentées ; la Renaissance au XVI° siècle a de très bons artistes provençaux ; Jean Guiramand en est le sculpteur. Espérons que par un temps plus favorable, la Cathédrale d’Aix-en-Provence pourra révéler aux visiteurs tous ses trésors.
MF RR. Historienne d’Art
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un montage de notre ami Arnaud Boüan
« Sur les Traces des Saints de Provence, Saint Maximin à Aix en Provence »