…. Le 15 novembre 2024…. : Conférence sur Sainte Marie-Madeleine en Provence

Conférence sur Sainte Marie-Madeleine en Provence
Par le Père Stéphane MORIN, archiviste du Diocèse
Le 15 novembre 2024
En l’Eglise Notre Dame des Routes de TOULON

Présentation de la conférence d’hier soir à la paroisse N.D. des Routes à Toulon, par Jean Louis Remouit.

Cette conférence était menée par l’abbé Stéphane Morin sur Marie Madeleine et les dernières découvertes scientifiques à son sujet. Conférence très intéressante que nous espérons pouvoir organiser dans d’autres paroisses des diocèses voisins.
Hier soir, nous étions plus de 70 participants.
Un grand Merci  Jean-Louis et au Père Morin, archiviste du diocèse de Fréjus-Toulon
Pour tout renseignements : Jean-Louis REMOUIT Tél : 06.18.40.22.00

La conférence à Toulon de M. l’Abbé Stéphane Morin, archiviste du diocèse de Fréjus-Toulon, à propos de Marie-Madeleine à Saint-Maximin

Organisée par l’ASTSP, une conférence sur les reliques de Marie-Madeleine et la Basilique de Saint-Maximin s’est tenue dans les locaux de la paroisse Notre-Dame des Routes à Toulon le vendredi 15 novembre 2024, en la fête de Saint Albert le Grand, docteur de l’Église, éducateur de Raban Maur, et en présence de quelques 85 participants.

Introduction

Rappelons, s’il le fallait, qu’Albert le Grand a révélé le voyage de notre Saint Maximin à Rennes vers 70 dont il est devenu le premier évêque avant de rentrer à Aix et que Raban Maur nous a laissé une vie de notre Marie-Madeleine.

Les reliques de Marie-Madeleine de Saint-Maximin sont-elles authentiques ? La basilique éponyme repose-telle sur des monuments plus anciens ? C’est à ces questions que le Père Stéphane Morin, délégué épiscopal chargé des reliques chrétiennes relevant du territoire du diocèse, a bien voulu nous éclairer à l’appui des récents travaux du CNRS qu’il pilote. Cette étude a été éditée en 2024 dans les actes d’un congrès tenu au Vatican sur les traces de l’évangélisation chrétienne dans le monde dès le premier siècle (Inchiesta Sulla Storia dei Primi Secoli della Chiesa, Pontificio Comitato de Scienze Storiche, a cura di Enrico da Convolo-Maxime K. Yevadian, Libreria Editrice Vaticana).

Pour confronter science et conscience, il aura fallu, à l’assistance, faire appel aux trois vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité :

la Foi en la tradition provençale qui nous explique que Marie-Madeleine et ses compagnons sont venus en Provence très précocement en 43 du premier siècle (1er février 43),

l’Espérance que la science ne contredira pas cette tradition et

la Charité de plaindre ceux qui, au cours des siècles, n’ont cessé de la nier et de la combattre.

Première partie de la conférence : les reliques de Marie-Madeleine

Les reliques dispersées sur le diocèse se trouvent en premier lieu à saint-Maximin mais aussi à Tarascon, à Aix, à Marseille, à la Sainte Baume et à Toulon pour la Provence. On les trouve également à Vezelay et à Paris dans l’église de la Madeleine.

Le corps de Marie-Madeleine a été redécouvert miraculeusement en1279 à Saint-Maximin et vénéré jusqu’à nos jours. Ses restes ont été examinés par le CNRS sous la direction de Victor Saxer et Raymond Boyer en 1974 d’où il a été conclu que des doutes subsistaient sur leur authenticité.

Une nouvelle campagne d’études sur les reliques varoises de Marie-Madeleine ont été entreprises à l’initiative du diocèse par le CNRS sous la direction de l’abbé Stéphane Morin.

Le CNRS a pu révéler qu’il s’agissait d’une personne de type féminin et oriental, âgée de 50 ans.

            -Concernant les cheveux, on dispose de ceux de la Sainte Baume contenus dans une ampoule et d’une importe mèche à Saint-Maximin. Le cheveu prélevé à Saint-Maximin a permis de vérifier qu’il était brun sombre avec des reflets roux auquel était « collées » des diatomées résultant de l’usage de « cosmétiques » romains antiparasitaires.

            -Le chef a fait l’objet, en 2017, d’une reconstitution du visage à l’aide des méthodes d’anthropologie médico-légales qui confirme, par son caractère moyen-oriental, les analyses de 1974.

            -La mandibule, rapportée de Rome tardivement, s’ajuste parfaitement aux cavités existantes du crâne. L’expertise du CNRS en 1974 n’avait pu affirmer l’appartenance avec certitude en raison du fait qu’elle ne possédait pas de dents qui auraient pu être comparées à celle du crâne. En revanche, la reconstitution du visage en 2017 et l’analyse de la faculté de chirurgie dentaire de Montrouge confirme la grande probabilité qu’elle ait appartenue au même corps que le crâne proprement dit.

            -La fraction de hanche conservée à Saint-Maximin a été analysée au scanner en 2020 à l’hôpital militaire de Sainte-Anne à Toulon. Il possède les mêmes propriétés ostéologiques (entre autre des traces d’arthrose) que le morceau de tibia de la sainte Baume et la même trame osseuse sans ostéoporose que les autres ossements.

            -Le reliquaire de saint-Maximin contient aussi deux fragments de chair s’étant détachés du crâne pendant des manipulations au XVIIIème siècle. Il s’agit du fameux « Noli me Tangere » prononcés (traduit en latin par saint Jérôme) par le Christ ressuscité en touchant Marie-Madeleine lorsqu’elle le rencontre pour la première fois [Jean (20,17)]. L’analyse des couches histologiques confirment qu’il s’agit bien de peau, correspondant probablement, par leur structure, à la peau du front.

            -Le tibia de la Sainte-Baume est en fait une fraction de tibia dont l’autre partie a probablement été donnée. Celle-ci présente les mêmes trace d’arthrose que la fraction de hanche se trouvant à Saint-Maximin.

            -Un fémur supposé de Marie-Madeleine se trouve dans un reliquaire visible de l’Église de La Madeleine à Paris. Expertisé en 1974 par le CNRS, on en a conclu seulement qu’il s’agissait d’un fémur de femme. Le diocèse de Frejus-Toulon n’a pas encore pu obtenir son extraction pour étude au scanner en raison du contexte sanitaire du moment qui était planifié.

            -Les reliques de Vézelay

La plupart des reliques attribuées  à Marie-Madeleine à Vézelay ont fait l’objet de doutes puis furent détruites pendant les guerres de religion. Il ne reste qu’une côte protégée par un reliquaire exposé dans la crypte de la basilique. L’examen de la côte au scanner en 2021 n’a pas permis d’identifier le type d’os à ceux de Marie-Madeleine à la sainte-Baume et à Saint-Maximin. Mais les experts, devant cette situation nouvelle, recherchent un lien de parenté de cette relique néanmoins avérée avec celles que l’on connaît de Marie l’Égyptienne dont la tradition l’a faite quelques fois confondre avec la nôtre. 

Deuxième partie de la conférence : la basilique de Saint-Maximin

Un mystère concernant la basilique de Saint-Maximin résidait dans le fait que l’ensemble architectural pouvait se dater de sa date de construction en 1296 à l’exception de la crypte où fut découvert le corps de Marie-Madeleine peu de temps avant, en 1279. Cette crypte n’a jamais été datée scientifiquement mais paraît être antérieure au IVème siècle, c’est à dire la date de facture des sarcophages qu’elle contient.

La crypte contient le reliquaire de Marie-Madeleine (son chef et d’autres parties) et quatre sarcophages de pierre du dernier quart du IVème siècle dont celui dit de Sidoine, de Maximin et celui dit de Marie-Madeleine.

La crypte, antérieure au IVème siècle, pourrait alors être contemporaine du baptistère, actuellement en fouille de surface sur la droite de la basilique quand on est face à l’entrée en raison du fait qu’il se trouve au même niveau horizontal de sol.

Ce baptistère fait partie des fouilles réalisées en 1993-1994 à l’occasion de travaux de voirie comme le rapporte M. Jean Guyon dans :

https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1996_num_1994_1_11502

Il s’agit d’un baptistère monumental qui semble faire suite à celui d’Aix et dont les dimensions sont contradictoires avec celles des baptistères ruraux de la région. Doté de plusieurs portes, il semblerait  qu’il ait communiqué avec une église dont les traces se perdent dans le sol rebâti ultérieurement.

Les sondages au scanner du dallage de la basilique réalisés par le CNRS en 2021 ont révélés l’existence de sous-structures.

A partir de la crypte, et sous le dallage de la basilique, se trouvent deux galeries comblées l’une vers l’est et l’autre vers l’ouest le long de la nef. Une troisième, non comblée, partant vers le sud est susceptible de relier une église paléochrétienne. D’autres, non comblées encore, se croiseraient sous la nef dont une relierait une seconde église ancienne située sous les orgues et le parvis.

Ces relevés tomographiques réalisés en 2021 montrent donc un réseau de cavités et de souterrains dont l’interprétation débouche, en réalité, sur un complexe de double église du haut-moyen-âge, l’une, église de monastère privée à l’est et l’autre, église publique avec son baptistère à l’est, le tout relié par des passages communicants. La crypte aurait alors constitué une partie commune où le public aurait pu venir vénérer les reliques des saints et prier leur intercession. Certains des sarcophages de la crypte sont d’ailleurs dotés d’un oculus permettant aux visiteurs de voir.

Ces bâtiments du Vème siècle correspondent à l’élan chrétien né de l’édit de Constantin de 315 qui s’est particulièrement développé en Provence à la suite de son expansion primitive du 1er siècle sur les lieux mêmes des cultes païens, romains et druidiques. Cette expansion chrétienne fut interrompue au second et troisième siècle par les premières persécutions de Marc-Aurèle en 177, Septime-Sévère en 202 et Dèce en 250. Elle aura repris dans la seconde moitié du IVème siècle et Saint-Maximin, pansant ses plaies, aura retrouvé au Vème siècle, l’énergie pour construire cet important ensemble. 

Conclusions

Avec prudence, l’abbé Morin indique que ces analyses et ces fouilles ne confirment pas l’identité des fragments de corps étudiés mais confirment qu’ils appartiennent à un seul individu, une femme de 50 ans de type moyen-oriental. Les fouilles confirment l’existence d’un complexe monumental dédié au culte chrétien de l’époque du Vème siècle. Ces travaux permettent de confirmer la tradition provençale et d’en proposer une nouvelle interprétation déclarant que l’évêque d’Aix, Maximin, avait élevé un oratoire sur le tombeau de Marie-Madeleine.  Puis que les provençaux l’avaient agrandi au Vème siècle pour y installer un monastère associé à un lieu de vénération, un baptistère et des sarcophages dignes de la gloire de leurs saints, troisièmes tombeaux de la chrétienté.

Le buffet

La conférence dura 1 heure de plus que programmé et la séance de questions dû être interrompue avant de passer au buffet qui permit aux assidus de poursuivre leurs questions personnelles et d’animer de nombreuses conversations. Ce n’est qu’à 23 heures que devait se terminer cette réunion au lieu des 21h30 prévus.

Jean-Louis REMOUIT

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les reliques de Sainte Marie-Madeleine et les recherches scientifiques ,autour du sujet, Ils peuvent consulter le site des Archives de Fréjus-Toulon sur lequel on trouve les explications du père Stéphane MORIN :

 https://archives.frejustoulon.fr

Par ailleurs, vous pouvez consulter un beau reportage sur Sainte Marie-Madeleine en Provence en cliquant sur le lien ci-dessous

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