Le Père Mérigoux était un grand ami de Bernard Pey, notre co-président.
Notre frère dominicain, Jean-Marie Mérigoux, est décédé ce samedi 7 novembre, entouré de ses frères, en la fête de tous les saints de l’ Ordre des Dominicains.
Il y a quelques semaines, les médecins lui ont diagnostiqué le cancer généralisé. Il a été hospitalisé au couvent ou chaque jour était célébré la messe dans sa cellule. Il est parti quelques instants après avoir reçu l’extrême onction, pendant qu’étaient récitées les prières pour le départ de l’âme.
Le frère a passé de nombreuses années en Irak, au Caire, à Istanbul.
Prions pour lui, pour les chrétiens d’Orient, pour les vocations dominicaines.
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L’association présente toutes ses condoléances, le frère Merigoux était proche de notre association
Les Dominicains de Marseille nous ont transmis le Sermon pour les obsèques du fr. Jean-Marie Mérigoux, op. par son prieur:
La prédication convertit d’abord le prédicateur lui-même. Jonas le prophète en fait expérience : il s’avère être plus simple de convertir Ninive, une ville divinement grande, que Jonas lui-même, qui met du temps à découvrir les profondeurs de la miséricorde de Dieu. Nul ne peut porter la parole de Dieu sans en être transformé. Nul ne peut épouser sa mission, sans s’en trouver transfiguré.Notre frère Jean-Marie est un magnifique témoin de ce mystère : sa prédication l’a façonné, lui a fait d’explorer des mondes, des chrétientés qui l’ont enrichi et qui nous ont enrichis par son témoignage.
C’est ici, à Marseille, qu’il commence de découvrir l’univers oriental : avec le service dans les bidonvilles de Sainte-Marthe, dans les rencontres qu’il fait à Saint-Nicolas de Myre dans la rue même de notre couvent, où il entend le père Congar parler de l’Eglise dont la face a deux côtés, l’occidental et l’oriental. Après son ordination, il part en 1967 à Alger pour l’apprentissage de l’arabe en compagnie du fr. Pierre Claverie, futur martyr. Ces routes l’amènent en Irak, le pays dont il tombe amoureux et auquel il consacrera plusieurs années de sa vie, spécialement au service du séminaire Saint-Jean qui forme le clergé syriaque et chaldéen. Puis, après 1983 il vivra au Caire, en accueillant les lecteurs à la bibliothèque des frères, ce qui exige une grande culture, un tact et une vraie intelligence de leur recherche. Ninive est une ville divinement grande, il y a tant de splendeurs à y admirer ! – si nous voyons en elle un symbole des richesses d’Orient, combien oublier la présence de notre frère à Istanbul, Alexandrie ou Jérusalem…Il s’est donné à l’Orient, tant chrétien que musulman, et ce jusqu’à tel point qu’il répétait ici à Marseille qu’il se sentait davantage chez lui avec les familles irakiennes que dans la vie française ordinaire. La prédication transforme celui donc qui s’y adonne, elle est une certaine mort à soi et une naissance à la vie plus grande, plus riche, celle de Dieu, celle des hommes unis à Dieu. Le signe de Jonas, le chemin de Pâque : une mort et une nouvelle naissance qui mène à Dieu des enfants sans nombre.Cette voie, c’est le Christ. Il est le Verbe de Dieu qui est sorti du Père pour venir dans notre vallée de larmes. Il s’est enfoui dans notre humanité, il a fait sienne notre vie et notre mort, il est descendu dans le sein de la terre « trois nuit et trois jours » pour nous engendrer à la vie nouvelle. La richesse de sa vie est telle que rien jamais ne l’épuisera : aucune culture particulière, aucune tradition humaine, aucune vie individuelle, aussi riche soit-elle, ne peut à elle seule exprimer toute l’abondance de la vie divine. En cela, notre prédication est toujours faible et imparfaite, notre témoignage reste toujours en deçà de ce qui nous est confié, nous portons un trésor dans les vases d’argiles. Nous sommes obligés d’aller toujours plus loin, naître et mourir, sortir de nous-mêmes pour partir vers d’autres Ninive.La mort de Jean-Marie est un tel départ. Il a su accepter sa maladie avec une grandeur d’âme qui vient, je le crois, non pas d’une capacité de résilience, mais de la profonde disponibilité intérieure pour partir selon la volonté de Dieu. Il abordait cette maladie non pas comme un déclin, mais comme une œuvre à accomplir : « il me fait aimer maintenant », disait-il, « c’est le moment de la charité active ». La mort comme une œuvre, comme un passage à franchir – par le Christ et dans l’union à lui. Sa vie ici-bas a été si riche et si simple. Fort de l’amour familial – quelle grâce que ses frères ont pu venir le voir il y a dix jours à peine ! – fort de la tradition dominicaine, fort des trésors spirituels des églises d’Orient, fort de la sagesse des peuples qu’il a aimés et servis, il part maintenant vers l’autre Ninive. Celle de la vie éternelle, celle où Dieu essuiera toute larme de nos yeux, celle où la miséricorde de Dieu emporte sur tout.Cher Jean-Marie, tu as été un serviteur bon et fidèle de la prédication de Jésus. Elle t’a façonné, guidé, transformé. Pars en paix vers la demeure de ton Maître. Qu’il te pardonne tous tes péchés, qu’il récompense tous tes efforts. Et de l’autre rive, de l’autre Ninive, prie pour nous afin que cette œuvre de la prédication que tu as servie puisse s’accomplir aussi pleinement en nous.
fr. Pavel Syssoev, op.
Cette photo est celle de Jean-Marie lors de sa prise d’habit en 1957 au couvent des dominicains de Saint Maximin, entouré de deux sœurs, et d’amis dont je suis, Son ordination a eu lieu quelques années plus tard au nouveau couvent de Toulouse.
Bernard