Prison Place de Lenche * Le chanoine Albanès, parlant de Lazare d’Aix, dit « croire qu’il est revenu à Marseille ». Il ne dit pas qu’ « il est revenu ». Nuance. Par contre, il affirme bien que Lazare, ami de Jésus, ressuscité, fut premier évêque de Marseille et martyr. ** Bibliothèque Nationale, fonds latin, n° 8958, f° 302 *** Joseph Pey Co-fondateur de notre association
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Lazare d’Aix-en-Provence Évêque de 408 à 411 Il n’a jamais été saint ! Ce Lazare et un certain Héros sont arrivés en Provence dans les bagages de Constantin III, un militaire qui s’était appuyé sur ses soldats pour se faire élire Empereur en 407 alors qu’il combattait en Grande Bretagne. Ce Constantin s’installa à Arles qui était capitale des Gaules depuis 395, et comme il était bon de s’appuyer également sur l’Eglise, il fit nommer Héros évêque d’Arles et Lazare évêque d’Aix-en-Provence.Or, on sait qu’au Ier siècle l’Église d’Arles fut fondée par saint Trophime, disciple de saint Pierre et l’Église de Marseille par saint Lazare, le ressuscité. Certaines Églises dépendaient d’Arles, d’autres, comme celle d’Aix-en-Provence, dépendaient de Marseille. D’autres encore dépendaient du siège de Vienne. Arles, Vienne et Marseille se disputaient la préséance qui fut octroyée à Arles, par le Concile de Turin qui se tint en 398 en accord avec ce qui avait été décidé au Concile de Nicée en 325 : l’évêque qui résidait dans la métropole civile aurait autorité sur les évêques de la province. C’était donc à l’évêque d’Arles d’ordonner les évêques, mais ce fut quand même Proculus, évêque de Marseille, qui ordonna Lazare. Cette concession qui s’opposait à l’usage démontre que l’Église de Marseille avait un statut privilégié reconnu.Quant à Constantin III, c’était donc un usurpateur qui a essayé de profiter du déferlement des peuplades germaniques et de la désorganisation de l’Empire pour prendre le pouvoir détenu légitimement par Honorius. Honorius envoya contre lui le général romain Constance. Constantin III fut battu en 411, mis à mort et ses protégés, Héros et Lazare, sous les menaces, durent s’enfuir en abandonnant leurs sièges épiscopaux. Leur gloire serait d’avoir combattu le pélagianisme, hérésie qui naquit des idées d’un breton, Pelage, homme moralement irréprochable. Il craignait un christianisme de masse, dénaturé, puisque l’Empire était maintenant officiellement chrétien depuis Théodose en 380 et qu’il était donc de bon ton de se dire chrétien. Il estimait que l’homme pouvait se sauver sans le secours de la Grâce, mais que seuls les meilleurs seraient élus. Les autres seraient damnés. Voilà des idées qui n’ont pas dû plaire à Héros et Lazare et si saint Augustin réussit à dénoncer cette hérésie au Concile de Carthage en 416, ce serait grâce à eux (!!!). Et pourtant, victimes de leur mauvaise réputation, ils furent traités par le pape Zozime (417-418) d’ouragans et de tempêtes de l’Église. Que devint ensuite ce Lazare ? On ne sait pas. Marius Mercator qui était son contemporain dit qu’il était encore en Palestine en 420. Hypothèse émise par le chanoine Albanès*: Serait-il revenu à Marseille auprès de Proculus, toujours évêque et aussi indiscipliné, que le Pape voulait faire remplacer en 418 ? Y serait-il mort et une épitaphe curieuse trouvée à Saint-Victor le concernerait-il ? Or Cette pierre n’a été vue qu’une fois, et par une seule personne, Peiresc en 1626. Il en a fait une copie manuscrite**, l’a attribuée à une femme, comme d’autres érudits après lui, dont Le Blant qui émet d’ailleurs beaucoup de réserves sur l’authenticité de cette inscription. Puis elle a disparu. La pierre replacée dans les cryptes de Saint-Victor est une copie récente de la copie de Peiresc. |
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